Porté par nos professeurs documentalistes, la Classe Musée du Collège Jules Vallès, devenue aujourd'hui Atelier Musée, entame sa neuvième année d'existence.
Cette année sera essentiellement consacrée aux thèmes de la ruralité et de la campagne, évoqués par les œuvres prêtées au musée Crozatier pour l’exposition temporaire A Travers Champs.
L’année a commencé en septembre avec la traditionnelle visite du musée pour les 6èmes-5èmes : découverte des galeries historique, des beaux-arts et des sciences, mais aussi des réserves au sous-sol.
Ci-contre une petite vidéo de présentation de l'exposition A TRAVERS CHAMPS, ruralité et modernité dans la collection du Centre Pompidou - musée Crozatier qui sera la fil rouge de cette année d'atelier musée.
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« L’exposition À travers champs explore l’univers de la ruralité à travers le regard des peintres et des photographes du 20e siècle en France et en Europe. Cette rare exposition thématique comprend quatre sections tour à tour consacrées à la représentation des acteurs du monde paysan, à celle, souvent stylisée, des travaux agricoles, ainsi qu’à la manière de décrire un espace rural fortement structuré qui peut inciter certains artistes modernes et contemporains à en révéler les potentialités abstraites.
Fruit d’une collaboration exceptionnelle entre le Musée national d’art moderne et le musée Crozatier, cette exposition inédite rassemble plus de 70 œuvres (peintures, dessins, photographies…) datées de 1904 à 2015.
De Georges Braque à Joan Mitchell, en passant par Marc Chagall, Raoul Dufy, Vassily Kandinsky ou Kasimir Malevitch, trente-trois artistes majeurs rendent compte d’un monde en constante évolution, marqué notamment par le passage du travail manuel à la mécanisation. La sélection des œuvres exposées permet ainsi de revisiter sous un nouveau jour les différents courants artistiques de cette période effervescente. »
Plus d'infos***
En octobre, pour préparer notre visite de l’exposition A travers champs, nous suivons, par la vidéo C’est toujours pas sorcier : la science de l’agriculture
Nous poursuivons notre petit tour à la campagne… dans les salles de Sciences du collège ! M. Guichard, agent de laboratoire, nous y accueille pour nous présenter divers spécimens que l’on peut croiser lors de promenades en campagne et qui font partie des collections conservées dans les laboratoires du collège.
Nous commençons par des reproductions de champignons de nos forêts
• l’amanite tue-mouches, reconnaissable entre tous avec son chapeau rouge vif tacheté de blanc devenu motif de décoration, que l’on retrouve aussi bien dans le village des Schtroumpfs que sur les bûches de Noël ou dans le jeu vidéo Mario. Ce champignon toxique tient son nom du fait qu’au Moyen Âge, on le réduisait en poudre pour le mélanger à du lait. La mixture posée au bord des fenêtres était censée tuer les mouches. En fait, elle ne faisait que les endormir, mais le nom est resté.
• le cèpe (ou bolet comestible ou cèpe de Bordeaux) est un des champignons les plus réputés et appréciés, grâce à ses excellentes qualités gustatives. Il n’est pas cultivable, contrairement au champignon de Paris, il faut donc le chercher en forêt pour pouvoir le déguster.
Nous devons ensuite reconnaître l’objet que M. Gichard fait circuler. Il s’agit d’un fer que l’on clouait sous les sabots des boeufs pour en limiter l’usure. Les bœufs, animaux de trait, étaient attelés aux charrues pour labourer les champs jusque dans les années 1960 dans notre région.
Puis c’est une chouette hulotte naturalisée qui nous est présentée : sa perception visuelle de jour n’est pas meilleure que la nôtre, en revanche sa vision nocturne est très bonne. De plus, ce rapace a l’ouïe très développée et entend dix fois mieux qu’un humain, ce qui lui permet de repérer ses proies. Une membrane recouvre ses orifices auditifs, elle s’ouvre plus ou moins pour mieux capter les sons. Sur sa tête ses plumes sont disposées en deux paraboles, comme un masque en forme de ∞, pour diriger le son vers les oreilles. Cette ouïe excellente permet aussi à la chouette hulotte de communiquer à plusieurs kilomètres de distance. Le long hululement du mâle est célèbre et on l’utilise souvent dans les films pour créer une ambiance nocturne inquiétante.
Son vol quasiment silencieux lui permet également d’approcher ses proies : souris, mulots, lézards, insectes ou petits oiseaux n’ont qu’à bien se cacher ! La chouette hulotte est une espèce protégée. Elle tient sa bonne réputation du fait qu’elle chasse des nuisibles. Elle est associée aux valeurs de clairvoyance et de sagesse, comme la déesse grecque Athéna dont elle était l’animal fétiche.
Dans la salle des vitrines, un herbier de 1890 nous attend. Si les plantes sont cueillies et conservées dans de bonnes conditions elles peuvent se garder très longtemps, seules les couleurs peuvent s’affadir. L’activité de cueillette dans la nature était autrefois courante pour se nourrir et se soigner.
Trois plantes de nos campagnes, que l’on connaît tous, sont sorties de cette épais ouvrage.
• la renonculacée bulbeuse, plus connue sous le nom de bouton d’or : attention toxique ! On utilisait ses racines pour empoisonner les rats. Heureusement, elle perd sa toxicité en séchant, les vaches peuvent consommer tranquillement leur foin même fleuri !
• le trèfle : connaissez-vous le goût sucré de ses fleurs ? Cette plante très mellifère (elle attire les pollinisateurs) est cultivée pour le fourrage, elle est également utilisée comme engrais vert car elle produit de l’azote qui enrichit le sol de manière naturelle.
• le pissenlit : on le ramasse pour le déguster en salade et on l’utilisait autrefois pour ses propriétés diurétiques. C'est d'ailleurs de là que vient son nom…
Dans les vitrines où sont conservés des squelettes d’animaux et des spécimens naturalisés, nous nous arrêtons devant un faisan. Jusqu’au Moyen Âge, on ne trouvait pas cet oiseau en France. Les premiers furent capturés en Géorgie sur les rives du fleuve Phase -d’où son nom- et rapportés comme présents prestigieux : les nobles en France s’enorgueillissaient d’avoir des faisans dans leurs volières, mais aussi dans leurs assiettes ! Car la chair de ce gallinacé est appréciée. Environ trois millions de faisans sont abattus chaque année par les chasseurs (qui les élèvent pour mieux les relâcher).
Nous avançons jusqu’à une fouine. Elle doit sa mauvaise réputation au fait qu’elle peut décimer des poulaillers entiers. En effet ce prédateur opportuniste peut, en égorgeant une seule poule, déclencher la terreur des autres volatiles qui se mettent à « hurler » et s’agiter, ce qui panique à son tour la fouine qui, effrayée, finit par égorger toute la volaille. Si elle garde aujourd’hui une mauvaise réputation (qui est même passée dans le langage courant : fouiner ou fouineur sont des termes péjoratifs), elle était beaucoup mieux considérée dans la Rome antique où on la capturait pour chasser les nuisibles, notamment les rats ou les pigeons.
A coté de la fouine, se trouvent des hérissons qui ont, eux, plutôt bonne réputation car ils tuent les nuisibles. Omnivores, ils se nourrissent de fruits, de baies, de champignons, mais aussi d’insectes ou de limaces et d’escargots. Ce sont des auxiliaires jardiniers.
Au Moyen Âge, on le voyait comme un animal satanique car il a une vie nocturne (il dort environ 18 heures par jour) : il se déplace et chasse la nuit. Le bruit qu’il fait en flairant la nuit peut d’ailleurs être assez effrayant ! Quand on en voyait un dans son jardin, c’était un présage de malheur. Au contraire pendant l’Antiquité, les Egyptiens vénéraient cet animal car il les débarrassait d’insectes (cf l’invasion de sauterelles des sept plaies d’Egypte dans la Bible).
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Nous retrouvons avec plaisir M. Guichard dans les laboratoires du collège en décembre. Il nous accueille cette fois-ci avec un squelette. De quel animal s’agit-il ?
Ce sont les pattes (comment il pose ses pattes) et sa dentition (ce qu’il mange) qui peuvent nous mettre sur la voie. Sa double rangée d’incisives du haut est typique du lapin de garenne. Ce lapin est très présent dans nos campagnes. Il l’est aussi dans notre culture populaire : on le retrouve dans les fables, les comptines mais aussi dans les publicités, les jeux vidéo, etc.
Dès le Moyen Âge il figurait dans les « mondes retournés », des dessins satiriques destinés à divertir le lecteur, qui retournaient, inversaient les rôles : le lapin prenait la place du chasseur…
Aujourd’hui, c’est lors des fêtes de Pâques que l’image du lapin s’impose. Cette fête chrétienne a repris un symbole de la fête païenne qui célébrait le retour du printemps : le lapin, symbole de fertilité. Les œufs, eux, représentent le retour à la vie.
Le lapin de garenne est surtout présent en Europe et dans sa périphérie, mais aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande, même s’il n’est pas originaire de ce continent.
Il faut savoir que lorsque les Anglais se sont installés en Australie, ils n’y ont trouvé aucun lapin. Un de ces colons, Thomas Austin, nostalgique de la chasse aux lapins, a donc fait venir et lâché sur sa propriété 24 lapins en 1859. Quelques autres l’imitèrent. 90 ans plus tard en 1950, on comptait 600 millions de lapins dans la campagne australienne ! L’espèce, très prolifique et sans prédateur, s’était propagée dans tout le pays. Cela équivalait à 75 lapins pour chacun des huit millions d’habitants de l’époque ! Le lapin n’est heureusement pas un animal dangereux pour l’homme. Il a pourtant causé d’énormes problèmes en Australie. Ce rongeur se nourrit en effet en moyenne de 375 grammes de végétaux chaque jour (herbe, plantes, arbustes, écorces d’arbres…).
Dans les années 1950 les lapins australiens engloutissaient 225 millions de kilos de végétaux quotidiennement. A ce rythme, la végétation au sol a vite disparu. La pluie, les orages ont lessivé les sols, entraînant la couche de terre fertile. Les terrains se sont désertifiés. Et les lapins de garenne continuaient de proliférer, leur seul prédateur potentiel, le dingo, préférant chasser d’autres proies moins véloces. Les pièges installés par les hommes n’endiguaient pas non plus leur multiplication. Des clôtures, des murs sur des centaines de kilomètres furent inefficaces, de même que les tentatives d’empoisonnement ou de chasse au furet…
A la fin du XIXe siècle, l’état promit même une prime très importante (25 000 livres) à celui qui apporterait une solution viable pour venir à bout de l’invasion. Nombreuses furent les propositions, en vain. Louis Pasteur, le microbiologiste français à l’origine de la pasteurisation et du vaccin contre la rage, introduisit en Australie une bactérie censée tuer les lapins, mais celle-ci ne s’avéra pas très efficace à cause du climat local. Mais son idée fut reprise par d’autres : en inoculant dans les années 1950 le virus de la myxomatose à des lapins aux quatre coins du pays, les rongeurs se contaminèrent rapidement et leur nombre chuta à 100 millions. Aujourd’hui la population de lapins en Australie compte 200 à 300 millions d’individus, ce qui reste gérable.
M. Guichard nous soumet ensuite une autre énigme. Nous devons deviner ce que peuvent bien être ces objets... Il s’agit de fossiles qui ont un lien avec des croyances autour de la foudre. Des rostres de bélemnite (genre éteint de céphalopode proche de la seiche) fossilisés étaient découverts dans les champs après les orages. On les reconnaît à leur forme en balle de fusil. On les prenait autrefois pour des pierres venues du ciel avec la foudre ou des pierres que la foudre aurait sculptées en frappant le sol.
Même si leur morphologie fait penser à un végétal (on les appelle communément des « lys de mer »), les crinoïdes sont des animaux. Ces petits fossiles en forme d’étoiles sont des segments de la « tige » de fixation de l’animal qui déploie ses bras au-dessus pour filtrer l’eau et récupérer ainsi le plancton ou les micro-algues dont il se nourrit. On en trouve dans les terres calcaires du Jura, notamment dans le vignoble de l’Etoile -qui porte bien son nom- ou vers Digne-les-Bains. Ces étoiles étaient utilisées comme porte-bonheur. On en a d’ailleurs fait des bijoux. Les bergers les ramassaient pour les placer dans les toits ou les murs de leurs bergeries pour les protéger de la foudre.
Nous découvrons ensuite un beau renard naturalisé. Dans nos campagnes, le renard commun est roux. Là aussi, ce sont ses dents qui nous apprennent que c’est un prédateur, un chasseur actif. Ses canines longues et pointues lui permettent d’égorger ses proies. Mais il peut également se nourrir de baies ou de fruits. Il est omnivore et opportuniste, c’est-à-dire qu’il adapte son alimentation selon les saisons et les régions.
Et nous retrouvons ici nos lapins australiens ! En effet, pour éradiquer la propagation du lapin en Australie, le renard fut introduit dans le pays. Décidément, l’homme n’apprend pas de ses erreurs : ce fut un échec car le renard, opportuniste, ne se fatigua pas à poursuivre des lapins agiles et rapides. Il préféra des proies faciles, de petits marsupiaux, qui eux ne se méfiaient pas de ce prédateur inconnu ! Le renard s’avéra lui aussi invasif, ce qui provoqua à nouveau des problèmes… A savoir : ce canidé tient son nom du fameux personnage du Roman de Renart qui connut un grand succès au Moyen Âge, à tel point que ce nom d’origine germanique remplaça le nom de goupil jusqu’alors utilisé.
Notre visite se termine sur les traces d’animaux. Les traces laissées par les pattes renseignent en effet sur leur propriétaire.
Les onguligrades, comme la vache, le bœuf, le cheval, marchent sur leurs ongles, leurs sabots (que l’on peut ferrer pour les protéger, voir notre visite du mois d’octobre).
Les plantigrades marchent sur la plante des pieds, la surface au sol est ainsi très large et offre plus de stabilité, ce qui permet de se dresser sur ses pattes arrière et de libérer les pattes avant. C’est le cas du blaireau, de la belette, du hérisson, du lapin, de la souris, de l’ours et de… l’homme.
Si on marche sur la pointe des pieds, on se déplace sur ses doigts, on est digitigrade. L’empreinte au sol est plus réduite, on est donc plus discret et plus rapide, ce qui convient bien aux prédateurs comme les canidés ou les félidés.
Pour reconnaître l’animal à qui appartient des empreintes de digitigrades :
Dernière devinette : à quel animal appartient ce crâne ?
C’est celui d’un blaireau, de la famille des mustélidés. Très
présent en France, il est pourtant resté longtemps méconnu en raison de sa vie nocturne,
ce qui lui a valu sa mauvaise réputation. On le croyait aussi fainéant. Il n’en est rien
! On ne l’étudie que depuis les années 1970 et on sait maintenant que le blaireau est
très actif : avec ses 90 cm de long et sa douzaine de kilos à l’âge adulte, il creuse
son terrier dont la surface peut atteindre 2000 m². Il déplace entre 30 et 40 tonnes de
terre tout au long de sa vie ! C’est une espèce ingénieure, comme le castor, car il
transforme son environnement.
C’est en novembre que nous découvrons l’exposition A travers champs au musée Crozatier lors de deux visites. Plus de 70 œuvres d’artistes des XXe et XXIe siècles ont été prêtées par le centre Pompidou.
Ces photographes, peintres ou sculpteurs modernes et contemporains y donnent leur vision du monde rural, regard figuratif ou abstrait.
De nombreuses photographies en noir et blanc (portraits de paysans au travail ou endimanchés, paysages ou scènes de la vie rurale du début du XXe siècle) côtoient des toiles bigarrées, qui évoquent entre autres la terre, les travaux agricoles, les animaux de la ferme…, mais aussi d’étonnantes sculptures.
Abstraction, formes géométriques, demi-figuration, réalisme, rayonnisme, art brut, surréalisme, photoreportage, expressionnisme abstrait, design… autant de notions abordées par nos guides au fil des salles, comme les grands noms de l’art moderne Chagall, Braque, Dufy, Dubuffet, Malevitch ou Kandinsky...
Les sculptures insolites ont remporté un beau succès !
Pour le plaisir des yeux et des oreilles… Voici la playlist des élèves de l’Atelier musée pour accompagner la découverte de l’exposition A travers champs ou pour une balade à travers champs...
N'hésitez pas à cliquez sur les icônes pour vous aussi participer à cette balade...
Pour en savoir plus sur l’histoire du monde paysan en Haute-Loire, nous nous sommes adressés aux Archives départementales.
Nous avons été, dans un premier temps, invités à visiter cet autre lieu de conservation, avenue de Meschede au Puy-en-Velay.
C’est M. Rahon qui nous a servi de guide et nous a tout d’abord appris que les archives départementales ont été créées dans tous les départements à la Révolution française, en l’an 6 (soit 1796).
Les premiers documents archivés sont les papiers confisqués de l’Ancien régime : ceux qui étaient produits dans les établissements religieux et dans les représentations du roi dans son royaume, comme les tribunaux, les centres de collecte d’impôts ou les archives royales. Au fil du temps, d’autres catégories de documents sont entrées dans les archives. Le document le plus ancien aux Archives de la Haute-Loire a plus de mille ans. Différents types de supports y sont conservés : parchemins, papiers, microfilms, photographies, négatifs, numériques...
Les bâtiments qui nous accueillent, construits en 1986, comprennent des bureaux, des salles de travail, une très grande salle de lecture ouverte gratuitement au public sur présentation d’une pièce d’identité, ainsi que des magasins d’archives répartis dans trois tours sur six niveaux et qui comptent 21 km linéaires de rangement. Lorsque les deux derniers kilomètres libres seront occupés, il faudra construire une quatrième tour.
De nombreux documents ont été numérisés, notamment les actes d’état civil religieux qui servent aux recherches généalogiques. Leur numérisation permet une meilleure conservation du papier, qui est ainsi moins manipulé, et une consultation à distance via le site internet.
Les informations médicales exigent un délai de cent ans avant leur publication sur internet. Dans la salle de lecture, des inventaires facilitent les recherches en fournissant la cote des documents pour pouvoir les localiser avant de les récupérer.
Dans un premier magasin au rez-de-chaussée, sont rangés les « figurés », les documents non écrits, comme des cartes, des plans, des images… M. Rahon nous dévoile un plan cadastral de la commune du Puy. Les plans cadastraux ont été créés sous Napoléon Ier afin d’identifier toutes les propriétés sur un territoire et ainsi mieux collecter les impôts fonciers.
Les plans de sections sont plus précis, ils « zooment » sur des quartiers. Tous ces plans contribuent à la généalogie foncière, celle des biens et des bâtiments.
Certains documents sont roulés ici dans des cartons noirs longue conservation pour les protéger de la lumière et des variations de température. Dans le même but, les ouvertures de cette pièce sont réduites et horizontales, juste sous le plafond, afin limiter la diffusion de la lumière du jour.
Les conditions de conservation sont bien sûr une préoccupation importante (comme au musée) : il faut non seulement protéger les documents de la lumière et des variations de température, mais aussi de celles de l’hygrométrie, ou des champignons, des moisissures et des insectes xylophages par exemple.
La restauration de documents peut se faire en interne ou être confiée à un prestataire extérieur. Un document ne peut être archivé que lorsqu’il est sain.
Nous découvrons ensuite un terrier de 1453. Ce livre servait à la gestion des terres appartenant à un seigneur et donc au paiement des redevances. Le seigneur allouait en effet ses terres à des paysans et des ouvriers et leur accordait sa protection contre des corvées (creuser des puits, construire des ponts ou des routes, cultiver des champs, exploiter des bois, etc). Le notaire du seigneur demandait à un scribe de consigner dans le terrier toutes ses propriétés et tout ce qui s’y passait dessus, afin de prélever les impôts correspondant aux produits de ces activités (chasse, pêche, coupe de bois…).
Le scribe écrivait à l’aide d’une plume d’oie et d’encre métallo-gallique (issue de noix de galle) et pouvait orner ses pages de lettrines enluminées, comme ici avec le T du « terrier du vénérable messire Pierre de Liques, chanoine de Notre-Dame du Puy ». Ce livre a été relié par un parcheminier. Certaines de ses pages montrent des défauts révélant ceux de la peau animale utilisée : des déchirures recousues ou des trous (d’anciennes verrues ?).
Ces terriers étaient rédigés en vieux français, en latin ou en occitan.
Nous montons au niveau 3 de la tour et nous arrêtons devant un document émanant de l’Hôtel-Dieu du Puy. Cette institution hébergeait à l’origine les pèlerins, puis devint un lieu géré par les religieux pour accueillir les indigents ou les malades. C’est en quelque sorte l’ancêtre de l’hôpital. Un responsable de l’Hôtel-Dieu avait le pouvoir d’en faire rédiger les actes. Au XIIIe siècle, on ne signait pas les documents, l’identité des signataires figure donc au bas du texte sous la forme de blasons, d’armoiries ou d’un symbole imprimés sur un sceau de cire.
Un autre parchemin de 800 ans, avec un texte en latin très lisible, porte lui aussi des sceaux. Le parcheminier l’a réalisé en peau de chèvre, le support qui se conserve le mieux, bien plus que le papier, les microfilms qui ont une durée de vie de 150 ans, les disques durs ou les clés USB !
Enfin, le dernier étage de cette tour, qui offre une très belle vue sur le Puy, abrite entre autres les archives d’architectes de la Haute-Loire (les archives privées donnent lieu à la signature d’un contrat avec le donateur) ainsi que la presse locale ancienne qui représente une mine d’informations. Ces journaux ont tous été numérisés. Ici un numéro de La Haute-Loire de 1845.
A savoir : les Archives départementales détiennent deux exemplaires de chaque livre et journal imprimés en Haute-Loire, c’est le dépôt légal.